Juliette BOUCHERY

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Billet de blog 21 mars 2021

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Les théâtres ne sont pas occupés pour exiger leur réouverture

Cette fois, enfin, c’est tous ou personne. Tous les précaires, tous les boulots discontinus, les étudiants désespérés et les enseignants vacataires, les uberisés, les saisonniers, les gens dont le métier a disparu et surtout tous les chômeurs, avec cette revendication première : revenir sur la réforme de l’assurance chômage.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les occupations de salles ne sont pas une question de culture.

J’ai vu ce matin sur YouTube l’intervention du député Michel Larive qui demandait à Roselyne Bachelot s’il était toujours pertinent qu’elle endosse ce rôle de ministre, ou une formule voisine. Et la ministre de répondre sur un ton larmoyant en énumérant les milliards déversés en aides pour la culture et les cultureux. Or si le député dit au début de son intervention qu’il est question de tous les précaires, cet aspect est complètement ignoré dans la réponse. Et même, le titre de la vidéo est : THEATRES OCCUPÉS - J'interpelle Roselyne Bachelot pour exiger la réouverture des lieux culturels !

Piège. Cette fois encore, on tombe dans le piège.

Les théâtres ne sont pas occupés pour exiger leur réouverture : vous me le copierez cent fois. Idéalement, dans cent médias différents.

Les occupations de salles ne sont pas une question de culture.

Cette fois, enfin, c’est tous ou personne. Tous les précaires, tous les boulots discontinus, les étudiants désespérés et les enseignants vacataires, les uberisés, les saisonniers, les gens dont le métier a disparu et surtout tous les chômeurs, avec cette revendication première : revenir sur la réforme de l’assurance chômage.

Cette réforme concerne tout le monde ou presque, aujourd’hui ou demain.

Et ceci obtenu (et si tout le monde s’y met, c’est possible), on pourra passer aux travailleurs. Les conditions insensées de travail des soignants par exemple (hein, Madame Bachelot ?) ; le management toxique qui s’est répandu partout.

Et pourquoi pas s’interroger sur la pertinence du travail, et sur le lien travail/revenus ? Sur ce qu'il est vraiment nécessaire de faire et sur les limites à poser pour le climat ?

Parce que ce dont il est question, c’est de faire une autre société, et si ce qu’on appelle culture, et qui est infiniment multiple, donne effectivement une respiration, un appui pour l’échange, pour le pétillement des idées, elle (la culture) n’est absolument pas tributaire des salles subventionnées.

Réouvrons… l’espace du dehors, réouvrons les rencontres, revenons nous parler. Apprenons la chanson de HK Danser encore et chantons-la dans toutes les manifs.

Et surtout, venez autour des salles occupées, qui peuvent servir de point d’appui, pour dire ce que vous pensez, ce que vous voulez, avec quoi vous n’êtes pas d’accord.

Sans vous, sans voix est affiché à la façade de notre théâtre occupé de Lorient, où l’on palabre, chante et danse beaucoup.

Vu le nombre de salles occupées, il y en a forcément une près de chez vous.

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